Après notre journée de mise au point d’hier et une bonne nuit de repos, nous sommes sur l’eau dès 9 h. Il fait beau et le vent souffle du secteur Sud sud ouest à 15 N. Nous nous apprêtons à terminer notre quart de finale contre Katie Spithill avec qui nous sommes à égalité une manche partout, depuis hier.
Le départ de la manche est donné pour 10H. Le vent est tombé à 8 12 noeuds. La nuit porte conseil. Nous sommes hyper motivées et nous prenons un départ canon. Notre Eliott marche comme une bombe, nous allongeons Bye bye Katie. Marie tactique comme une reine, c’est super nous emportons la manche avec une bonne dizaine de longueurs d’avance. Nous en sommes à deux à un.
Dans la foulée le Comité lance la dernière manche. Même scénario. Nous prenons un départ de rêve, pleine balle et nous attaquons notre premier bord de près au taquet avec deux bonnes longueurs d’avance.
Marie est impériale à la tactique. Elle fait du charme à Eole et flirte avec Zéphir. Les dieux du vent sont subjugués et nous tricotons tous nos bords dans le bon sens. Nous gagnons le match haut la main ....et remportons avec panache notre quart de finale par 3 manches à 1. L’équipage est en confiance et nous sommes très motivées pour la suite.
Nous gagnons notre demi finale contre les hollandaises de Renée Groenveld
Commence alors une longue attente jusqu’à ce que tous les matchs en cours soient terminés. Nous rongeons notre frein jusqu’à 14h 30. Nous serons opposées en demi finale à Renée Groenveld la hollandaise qui a gagné la Sail for Gold Regatta ici même l’année dernière.
Ce sont des concurrentes redoutables, elles naviguent bien et savent exploiter toutes les erreurs de leurs adversaires. Nous sommes vigilantes, très concentrées et fortement motivées. D’ailleurs ce matin, nos entraineurs nous soupçonnent d’avoir mangé du lion au petit déjeuner. Ils ont raison car nous remportons nos deux premiers matchs avec brio. Nous prenons deux départs lancés à pleine vitesse et nous menons de bout en bout au cours de ces deux matchs.
Pour la troisième manche le scénario semble identique. Damned ! Nous renvoyons du mauvais coté et nos Hollandaises n’en demandent pas tant. Erreur fatale comme on dit en informatique... Elles prennent la tête et gagnent sans aucune discussion possible. C’est du beau travail. Elles naviguent bien.
Nous nous inclinons ...Mais nous menons toujours deux à un!
Le dernier match s’annonce plus difficile pour nous car alors que nous sommes très bien positionnées sur le départ, Renée Groenveld touche le jackpot avec une risée venue de nulle part. Cela donne des ailes à son Eliott et elle nous laisse sur place avec deux longueurs de retard.
Nous sommes fâchées après nos amis Eole et Zephyr qui oscillent sans arrêt et semblent bien décidés à continuer à nous jouer des farces.
Il est grand temps que Marie leur fasse un peu de charme pour les amadouer. En effet ce serait dommage de nous faire balader une nouvelle fois sur ce match. Nous sommes à une manche de la victoire. Un vent de révolte souffle à bord et aussitôt dit aussitôt fait, Marie sort le grand jeu. Nous prenons l’écoute entre les dents. Nous lançons le Mermaid turbospeed et nous revenons tout de suite au contact sur le premier bord de près.
Sur ce bord de près, nous sommes véritablement enragées. C’est sans doute grâce à notre petit déjeuner avec du lion. Notre Eliott piaffe et nous sommes au taquet.
Nous tirons dessus .Encore un effort ...Ca y est nous sommes passées devant.
Et là, gybe set obligatoire, et Elodie gagne le combat des tangons. Elle met le paquet et parvient à le frapper au mat. Le spi donne toute sa puissance, alors que nos hollandaises n’y parviennent pas. Nous gagnons encore les quelques longueurs supplémentaires qui nous rapprochent de la victoire.
Quel bonheur de pouvoir a nouveau contempler, l’étrave de nos adversaires hollandaises dans notre tableau arrière.
Renée s’accroche encore et ne s’avoue pas vaincue pour autant. Nous forçons les feux et notre bateau allonge de plus en plus. Nous tactiquons super bien. Nous creusons l’écart et nous remportons la manche avec une confortable avance.
Notre avant dernier objectif est atteint.
La plus belle surprise du jour reste à venir. Nous apprenons que nous venons de remporter la World Cup, le titre convoité par tous les équipages du circuit mondial Olympique. C’est formidable. Nous laissons éclater notre joie.
Ce que nous avons appris
Les enseignements de cette journée sont simples.
Quand on dialogue à bord on est toujours gagnant.
Une bonne raclée de temps à autre, mais pas trop souvent, remet les idées en place.
L’humilité rabote les Ego et renforce la cohérence de l’équipage.
La rage de vaincre et la détermination valent mieux que tous les baratins et commentaires.
Pour finir, nous vous proposons pour mieux communiquer sur la compétition vélique quelques réflexions envoyées par l’un de nos supporters sous forme d’aphorismes destinés à alimenter les conversations et les commentaires des différents «experts»
1- "De la même façon que ce n’est pas au pied mais en haut d’un mur qu’on reconnait le bon maçon. Le bon sens voudrait qu’au lieu de vouloir désigner d’hypothétiques vainqueurs avant la ligne de départ, les observateurs les plus avertis aient la sagesse de les identifier selon la méthode pragmatique chère à la marine : le vainqueur c’est celui qui franchit la ligne d’arrivée le premier»
2 - Version simplifiée maritime et rurale : «En général c’est quand on franchit la ligne d’arrivée le premier qu’on sait qu’on a gagné ...»
3- Il faudrait développer rapidement des formations et des initiations au Match Racing pour que notre discipline soit mieux comprise par les communicants et les milieux autorisés de la voile
Interviews des Mermaids
Marie Riou tacticienne «Belle journée. Nous avons très bien navigué. Nous bien sommes dans le coup et cette dernière régate du circuit mondial Olympique de l’année nous a permis de valider ou en étaient nos principales concurrentes au plan international. Nous avons de quoi être satisfaites Nous sommes en finale et en prime nous gagnons la World Cup. A nous de bien jouer pour la finale de demain. Après c’est les championnats du monde aux USA »
Elodie Bertrand régleuse «Je suis très contente comme Marie et Claire. On le serait à moins. Attention la Gold Regatta n’est pas encore terminée, il nous reste encore à disputer la finale contre Sauter. Une belle bagarre en perspective. Coté support, nous commençons à prendre nos marques sur ce nouveau bateau. L’Eliott est un véritable bateau de match Race. Il est puissant, racé et très physique et évolutif. Nous commençons simplement à le maitriser. Cette régate nous a fait prendre conscience qu’avec ce bateau nous avions encore une super marge de progression. Jusqu’ici nous nous sommes bien amusées et je pense que cela va continuer» .
Claire Leroy barreuse «Nous avons de quoi être satisfaites. Nous sommes au delà de notre objectif puisqu’en plus de disputer la finale nous gagnons la World Cup. Demain nous courons contre Souter l’australienne. Cela devrait être un beau match. Nous sommes très motivées. Nous ferons tout pour terminer notre saison en beauté. Coté équipage c’est excellent. Nous tactiquons de mieux en mieux. Marie m’apporte toutes les informations dont j’ai besoin pour prendre les bonnes options. Elodie complète quand c’est nécessaire. Le dialogue à bord, c’est vraiment top. Quant à Elodie, pendant toute cette régate, elle nous a encore fait des prouesses. Elle parvient à super bien régler l’Eliott et le faire marcher comme une bombe. Ca me bluffe !
Aujourd’hui par exemple, elle s’est offert le luxe, en pleine bagarre au portant de réussir à frapper le tangon à l’arrache sur un bord de spi. Grace à sa présence d’esprit et à ce tour de force elle nous a permis de faire le trou et de prendre immédiatement 4 longueurs d’avance sur nos adversaires qui ont bien essayé de faire la même chose et n’y sont jamais parvenues. En synthèse, nous allons vite et bien. Sur les départs et au portant nous avons énormément progressées et cela grâce au travail réalisé avec nos entraineurs. Les mermaids, c’est actuellement un équipage solide techniquement, humainement et mentalement. C’est très important dans ce type de compétition. Il vaut mieux savoir encaisser la fatigue physique et le stress. En effet le format de régate choisi pour les JO demande de grandes qualités physiques et mentales. Pendant la Gold Regatta nous avons pris conscience face aux meilleures mondiales du circuit olympique que nos marges de progressions sont encore très importantes et que malgré le niveau nous continuons à nous amuser et à prendre beaucoup de plaisir à naviguer ensemble. Je cours me reposer et me détendre pour être en forme pour la finale. .Pensez à nous demain. Les sportifs français ont besoin d’être soutenus et encouragés. Ce sera une belle bagarre avec Souter l’Australienne»
3-Et puis il y a toutes les techniques de communication utilisées par les perdants pour réécrire l’histoire. Le principe est simple occulter, minimiser, dénigrer et transformer leurs défaites en hypothétiques victoires « Si ça s’était passé autrement on aurait pu gagner»
Les régates cela se gagne sur l’eau et pas sur du papier glacé.
Bonne soirée et à demain pour la finale.